Courant 2018, nous avons été victimes d’une succession d’effondrements dramatiques et d’évacuations d’urgence sur plusieurs ouvrages tels que le pont de Gênes, les immeubles rue d’Aubagne à Marseille, ou encore, l’immeuble au boulevard Pasteur à Montpellier.


1 - Signes d'effondrement...

En France, on dénombre des milliers d’ouvrages insalubres, vétustes et structurellement instables sur lesquels apparaissent d’importantes fissures pouvant générer un risque d’effondrement. De surcroît, certaines structures du XXème (et même avant) peuvent être fragilisées par des phénomènes moins visibles tels que la fatigue ne laissant aucun signe avant-coureur. En effet, les éléments de structures (poutres, organes d’assemblages…) qui sont soumis à des chargements variables et qui voient leurs caractéristiques matériaux changer au cours du temps peuvent entrainer une rupture brutale.

2 - Devoir de conseil

Dans le cadre d’une réfection, rénovation ou restructuration complète, il faut prévoir un diagnostic complet caractérisant l’état et le dimensionnement des existants, et ce, même sans variation notable des charges théoriques qui s’appliquent sur la structure. En effet, le diagnostic structurel permet de caractériser le niveau de sécurité des existants. Les dommages mécaniques sur les structures existantes sont dus aux charges réelles et non théoriques qui peuvent parfois s’avérer différentes. Nous devons rappeler, conseiller et favoriser l'engagement des procédures de diagnostics de nos ouvrages auprès des autorités compétentes. Ces dernières doivent être informées face aux dangers et risques imminents qui pèsent sur bon nombre d'immeubles et d'infrastructures. La fiabilité et la sécurité de nos structures doivent toujours être assurées sans compromis.

3 - Démarche du diagnostic

Rappelons d’abord qu’une inspection visuelle, aussi détaillée qu’elle puisse être, ne constitue pas un diagnostic. Pour réaliser un bon diagnostic, il convient dans un premier temps de définir un programme d’investigations et de sondages approprié. Le choix des techniques (destructives ou non) doit être adapté aux informations et aux paramètres recherchés. Ces investigations, ainsi que l’examen visuel doivent avoir pour but de dresser un état de la structure sans préjuger de la validité de son dimensionnement. Certains éléments pourront le cas échéant être analysés en laboratoire Ensuite un re calcul peut être nécessaire pour analyser la capacité portante et s’assurer du bon dimensionnement. Cette étape peut être remplacée par des essais de chargement dans certains cas. Dans le cas où les ouvrages seraient sous-dimensionnés par rapport aux nouvelles charges, un renforcement devra être envisagé. Si les pathologies ne sont pas d’ordre mécaniques, des réparations sont à envisager. Il appartient aux maîtres d’ouvrages de procéder à des améliorations pour augmenter la qualité, ou la durabilité des existants. Cette démarche est d’ordre général et doit être adaptée au cas par cas en fonction du projet. Certaines opérations vont nécessiter obligatoirement un re calcul complet alors que pour d’autres le re calcul peut être partiel ou inexistant. L’existant requiert une prise de recul et une certaine humilité pour adapter ces prescriptions et pour assurer un niveau de sécurité satisfaisant.

4 - Développons notre sagesse

Aujourd'hui, nous avons toutes les connaissances et compétences pour mener à bien toutes les mesures préventives et curatives de nos structures, à conditions que les décisionnaires s'engagent. Privés ou publics, nous devons toujours faire preuve de bon sens, de prudence et d’intelligence à l’égard de nos ouvrages. Offrir à la population des logements et infrastructures décents et fiables doit faire partie intégralement de nos priorités. "Une civilisation qui produit de la connaissance et pas de sagesse est vouée à l’extinction", Isaac Asimov


To go further